The Belgian ZERO artist Jef Verheyen (1932-1984) became known as the painter of light streams and colour spectra. He experimented not only with light, but also with movement and the invisible as means to evoke natural mechanisms and to reveal universal interrelationships between human beings and the surrounding world. He used geometric principles – his passion for geometry was born out of his interest in mathematics and (Greek) philosophy – as the basis for harmony. Verheyen never gave up on traditional media and materials such as the canvas, paint, and brushes to search for the essence of our nature. 

Jef Verheyen - ARCHIVE

(c) Scan: CKV, 2022 - Jef Verheyen Archive
Un ami peintre comme lui, 1961
Jef Verheyen Archive
Letter , 2 sides
Ink in notebook

Outtake from the artist's notebook (see linked item)
Draft letter, most likely to be addressed to Hans Liechti

 

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Quand je pense aux moments que nous avons vécu ensemble en Suisse, avec Van Anderlecht encore vivant ; c’est la peur qui me prend. De quoi j’ai peur cela je ne sais définir exactement, mais maintenant je ne sens pas le courage de continuer ce que Van Anderlecht et moi ont mis en route ensemble.

Lui, aussi bien que moi, savait que le seul lien qui [?] le temps avec l’éternité était l’amour, qui précisément pour cette raison domine toute chose. « On se tient » me disait-il toujours et cela est maintenant fini.

C’est en ce moment ci que je réalise combien il me soutenait, avec lui et son enthousiasme je croyais tout possible. Je l’ai pas connu plus longtemps que vous mais tout ce qui se passait entre nous, pendant ce bref délai de temps ne se passera plus. Cette perte est plus grand pour la Flandre que les autres supposent. Vous savez qu’il était le seul ici sur lequel je pourrais compter.

La peinture est une très belle chose, mais en dehors d’elle on doit vivre aussi, je veux dire tout ce temps qu’on ne pas la peinture. Au fond une chose est merveilleux que dans si peu de temps nous avons connu un contacte si profond, pendant que lui et moi faisaient la peinture ensemble, on attaque les dieux à deux, ou les obligeais de prendre couleur et formes, avant que je rencontrerai encore un peintre pareil… C’est cela qui me donne peur. Je sais trop bien qu’il n’ y a plus de peintres comme lui, et que dans ma vie prochaine, long ou courte, je n’aurai plus un ami peintre comme lui. Je ne pense pas que j’exagère. Jamais j’ai vu un homme qui avait tant de passion pour la peinture, et la passion c’est peut-être bien l’amour dans la vrai sens du mot. Je ne pense pas que l’amour est devenu une passion mais c’est bien l’amour qu’on nomme la passion. La passion pour la vie, ou le vouloir de survivre, librement, pleinement. Il était plein de vie, la vie lui débordait de partout, il vivait tellement vite, avec tant de passion que celle donnait le vertige aux autres, c’est peut-être pour cela qu’il avait fini avant nous. Il a fini avant nous et c’est nous qui doivent continuer, mais c’est bien peu comme consolation.

                        Vendredi 10 mars [1961, 3 days after Van Anderlecht’s passing]

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